mercredi 13 mars 2013
L’ensète (ou faux bananier)
L’Enset ventricosum pousse volontiers dans les zones humides, sur un sol volcanique bien drainé et amélioré par les enséticulteurs. Peu sensible aux problèmes climatiques, résistant au gel, il se développe jusqu’à 3 000 m d’altitude. Sa rusticité et son rendement élevé (500 à 700 kg à l’hectare) épargnèrent aux consommateurs de cruelles douleurs lors des périodes de famine qui décimèrent le Nord du pays.
Planté sur les hautes terres au sud-ouest d’Addis Abeba, le long de la partie ouest du Rift, il est utilisé par les Gouragué, dont c’est la nourriture principale, suivis par les Hadiya-Kambata et les Sidama et reste fréquent dans l’alimentation des Oromo, Woleïta et Kafa.
Dans les champs et les micro-parcelles, se profilent de belles huttes rondes, soigneusement bâties. Les parois, un treillis de bois enduit de boue lissée, supportent une couverture de chaume dont le faîte est décoré. Près des maisons s’agitent souplement les larges feuilles vertes et brillantes du faux bananier.
Les arbres, entre 4 et 6 ans, sont extraits du sol et transplantés dans un trou fertilisé à l’aide de cendres et de déjections animales. Les jeunes plants qui surgissent alors sont repiqués ; au bout de deux ans, ils sont transportés et espacés. La terre est aérée avec le marasha, fourche à fouir munie de deux dents.
Entre 3 et 9 ans, ils sont dessouchés, le tronc et les tiges sont râpés, réduits en pâte puis enfouis dans des silos. Pour ce faire, d’énormes cavités sont creusées et leurs parois tapissées de végétaux épais et solides. Les femmes descendent dans ce puits et piétinent la pâte afin de la tasser. Un à six mois seront nécessaires pour obtenir la fermentation des fibres.
Sur les marchés, l’ensète se présente sous la forme du kotcho, un pain blanchâtre à l’odeur de fromage emballé dans des feuilles de faux bananier liées par les fibres du même arbre.
Il se mange de diverses façons, en bouillies épaisses ou en galettes non levées, un peu collantes, de teinte marron clair et de goût agréable. L’accompagnement traditionnel consiste en un fromage blanc, granuleux, au fort goût de fumée et de viande hachée crue, le keutfo, mélangée à du beurre et des épices.
Riche en calcium, fer et carbo-hydrates, il manque néanmoins de protéines. Tout s’utilise : les feuilles servent de fourrage et les fibres, une fois torsadées et tissées, constituent de ravissantes nattes de couleur dorée.
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